Lamaisondupoete

La semaine passée, à Beyrouth, nous accueillions le Salon du Livre, dont le thème cette année était « Les mots des autres ». Honneur donc aux auteurs non seulement français mais francophones. Certains se souviennent peut-être qu’un des derniers Académiciens élu est libanais, Amine Maalouf. Voilà pour le contexte de ma petite histoire d’aujourd’hui.

J’étais donc de permanence sur le stand de l’AEFE avec une autre prof, Dany. Et à un moment, pour tuer la période morte du midi, elle me propose de grignoter… une gousse de caroubier. Surprise ! Ca se mange ces choses ? Ces choses que je ramasse, montre et commente à nos visiteurs à chaque ballade dans la nature ? Ces choses que je prends dans mes bagages pour les donner au chat de mon fils pour qu’il joue en les faisant glisser sur le parquet ?

Et c’est bon ! Ca résiste un peu, certes, mais on peut aussi les sucer paraît-il. Parce que quand j’en ai parlé, revenue à la maison, tout d’un coup, tout le monde était au courant ! 33 ans que je suis dans ce pays, que nous pique-niquons sous des caroubiers, que je fais la leçon à qui a la patience de m’écouter, et personne n’avait jamais eu l’idée de me dire que ça se mangeait ! OK, il a fallu presque une demi-heure à mon mari pour deviner ce que j’avais mangé ! Et pourtant, nous sommes rompus à ce petit jeu !

La mélasse de caroubier est une denrée commune ici. Le plus souvent on la consomme mélangée à de l’huile de sésame, en dessert. Elle entre dans la composition de certaines pâtisseries, quelquefois aussi en cuisine (beaucoup plus rare, le Libanais n’est pas traditionnellement fan de sucré-salé). Sucrée, au goût un peu chocolaté, il va de soi que c’est fabriqué à partir de ces fameuses gousses. Mais je m’étais toujours imaginé que c’était le résultat d’un plus ou moins compliqué processus d’extraction et de fabrication.

Donc, quand j’ai parlé en famille de ma découverte, les aînés m’ont dit que oui, bien sûr, c’était autrefois l’équivalent du sucre, au même titre que le miel. Lorsque desserts et bonbons n’étaient pas de mode, cette gousse était une friandise naturelle et peu onéreuse. Il suffit de croquer dans les gousses. Mais seulement dans les gousses, car les petites graines à l’intérieur, elles, sont d’un dur !

Et c’est là que ça devient intéressant.

Le caroubier est un arbre du bassin méditerranéen, à croissance lente, qui peut vivre jusqu’à 500 ans, dans des terrains plutôt rocailleux. Protégé en France, il est aussi connu sous le nom de Pain de Saint Jean-Baptiste, ou fève de Pythagore.

L’intérêt de cet arbre, et de ses gousses, n’est pas tant dans ses vertus culinaires et médicinales que dans ses graines. Elles ont la particularité d’être d’une régularité exceptionnelle de forme et de poids (entre 185 et 205 mg), au point qu’elles ont servi, depuis la haute antiquité d’étalon de masse pour peser l’or.

Et voilà l’origine du mot  « carat », fixé définitivement à 0,2 grammes en 1907. Du grec Keration, « petite corne, puis par extension, petit poids », en passant ensuite par l’arabe et l’italien. Chez les Romains, un scrupule pesait 6 carats. Tiens, on retrouve la base 6 des Anglais d’avant le système métrique…

Génial ! Déja reçu un grand soleil de Medinet Habu en Egypte !

Ca va marcher, j'en suis sûre !

Merci Marie ! link

A tous et  toutes, Joyeuses Pâques !

Que cette fête de Lumière et d'espérance

éclaire votre vie et celle de tous ceux qui vous sont chers !

Je réalise que j'ai plus souvent parlé de Noël que de Pâques...

Petit débriefing sur les réjouissances libanaises... Première partie.

Les festivités commencent avec le dimanche des Rameaux :

C’est la grande fête des enfants.

Rhabillés de pied en cap, ils sont fin prêts pour la procession qui clôturera la messe au cours de laquelle sont bénis les Rameaux, comme partout. Ici, ce sont des rameaux d’olivier.

Ce qui fait la spécificité des Rameaux au Liban ce sont les bougies décorées et les tenues vestimentaires des enfants qui peuvent aller jusqu’à la plus grande exubérance. Mais dans tous les cas, c’est  la fête !

Ensuite, rendez-vous Jeudi Saint.

Visite de 7 églises et commémoration de la Cène.

Dans nombre de paroisses, ce sont des enfants qui figurent les apôtres. Mais pas toujours.

Vendredi Saint. Passion et Descente de croix. 

Cette messe est particulière, souvent accompagnée des chants religieux que Feyrouz, la plus populaire des chanteuses libanaises, a immortalisés. Mais certains monastères ont des chorales, avec des solistes qui n’ont rien à lui envier.

Cette messe revêt un caractère particulier à plusieurs titres : outre la longueur de l’office, en grande partie du fait des chants,  chacun y vient avec un bouquet, en général des "fleurs de rien", des branches de néfliers dont les fruits commencent à peine... que l'on déposera dans un cercueil (avec la statue du Christ descendu de sa croix) levé en travers de la porte de l'église et sous lequel il faut passer pour sortir. 

Je ne sais pas si c'est très clair...

Maintenant, on est prêt pour fêter Pâques.

(En réalité, la célébration de la fête de Pâques est plus spectaculaire chez les Orthodoxes, n’en déplaise aux Catholiques, Maronites en particulier. Et puis ca n’engage que moi).

Donc, le jour de Pâques, grande messe de l’année ! On  récupèrera au sortir de la messe quelques unes de ces fleurs du Vendredi Saint que l'on ramène symboliquement chez soi. Et les petites nèfles, on les mange. (Elles seront encore très acides, Pâques est assez tôt cette année. Mais on les trouve bonnes quand même.) 

Et au sortir de la messe, dans bien des paroisses et de toute façon dans les maisons, on va casser des œufs, colorés et décorés pour l’occasion. Le gagnant étant l'oeuf  qui a résisté à tous les combats.

Il y a de véritables tournois. Sans rire, un des plus courus se déroule dans un monastère dans la montagne qui domine juste Beyrouth. 

Bien sûr, il existe toute une technique tant en ce qui concerne la manière de tenir l’œuf que dans celle de taper l’œuf concurrent…

Tout un folklore… que l'on transmet de génération en génération...

Dans certaines familles, on passe le temps du carême à récolter ces œufs, les sélectionner afin d’essayer d’avoir le plus « fort ».

Trop mignons ces lapinous....

Pendant toute cette dernière semaine sainte, on s’est aussi occupé, en principe en réunions familiales, à la confection de « Maamouls ».

Ce sont de petits gâteaux à base de farine et de semoule très fine, farcis de pistaches concassées, noix concassées et dattes, puis moulés dans des moules en bois (pistaches et dattes)  

pistaches

Dattes

 ou « pincés » à la main pour les noix.

Hum… très mauvais pour la ligne, mais si bons pour le moral !

On les offrira à chaque visiteur pendant toute la période qui suit Pâques.

Alors, je disais 1^re partie, parce que ici ce n'est pas fini. Là, je parlais des Pâques catholiques.

Les Orthodoxes eux fêteront cette année Pâques le 5 mai.

Et tout va recommencer.

Les nèfles auront mûri et seront nettement meilleures...

Cette année, nous avons l'écart maximum : 5 semaines.

L'an prochain, nous allons fêter Pâques en même temps. Puis l'année suivante, nous aurons de nouveau une semaine de décalage, puis 2, etc.

Cela découle d’un très savant calcul qui tient compte de la Pâque juive, du soleil et de la lune…. Enfin, chaque fois que l’on m’a expliqué, sur le moment, j’ai compris, mais je serais bien incapable de le réexpliquer à mon tour. Preuve qu’en fait, je n’ai rien pigé.

Voilà. J'espère vous avoir fait un peu voyager. A bientôt !

Je vous l'avais annoncé dans un article précédent, aujourd'hui au Liban c'est la Fête des Professeurs.

Voilà ma petite production. Mes deux collègues ont été ravies du résultat, et j’espère que les destinataires les aimeront tout autant.

Les porte-clefs

Les étuis à clé USB

Bonne fête à tous les Professeurs ! A bientôt !